Lu # 14 : La métamorphose de Franz Kafka (1915)

Ce livre a été proposé par Luva du siteLivraddict pour un challenge Le club de lecture en petit comité. Le principe est simple tout les mois un livre est sélectionné parmi la PAL (Pile à Lire) de chaque participant. On a le mois suivant pour le lire et en discuter. J’ai choisi de participer à ce challenge parce que c’est un moyen pour moi de découvrir des auteurs que je n’aurai peut-être jamais lu. Ce mois-ci, c’est une nouvelle de Kafka qui a été sélectionnée.


Lorsque Gregor Samsa s'éveille, un matin, après des rêves agités, il est bel et bien métamorphosé. Doté d'une épaisse carapace d'où s'échappent de pitoyables petites pattes ! Lugubre cocasserie ? Hélas, ultime défense contre ceux qui, certes, ne sont pas des monstres mais de vulgaires parasites... Les siens. Père, mère, sœur, dont l'ambition est de l'éliminer après avoir contribué à l'étouffer... Ici, un homme se transforme en coléoptère monstrueux, là, un engin pervers tue avec application... Dans la colonie pénitentiaire, c'est l'expérimentation en direct. Une machine infernale s'acharne sur un soldat soumis. Une machinerie hors pair, digne d'un inventeur à l'imagination torturée ! 

Après ma lecture, je me suis dis que je n’allais pas faire une analyse de cette nouvelle. Car je ne maîtrise pas l’œuvres de Kafka pour me permettre d’en discuter avec vous, et de toute façon de nombreuses personnes mieux informées que moi, se sont déjà lancées dans cette aventure. Donc ici, je vous parlerai uniquement du ressenti de ma lecture sans forcément y chercher une dimension philosophique. Bien que celle-ci y pousse forcément.

La métamorphose, est l’histoire d’un homme, Grégor Samsa, qui un matin par la force du destin voit son quotidien changé, sa famille se dévoiler à lui à la suite de sa transformation physique, qui a fait de lui un théranthrope (ni homme ni animal). Mais contrairement à ce que l’on pourrait attendre, cette nouvelle n’est pas fantastique.

En effet on ne connait pas les raisons de la métamorphose de Grégor mais à mon sens cela n’a point d’importance puisque le roman est centré sur ses sentiments. Nous vivons avec lui la découverte de son nouveau moi et faisons face à sa solitude, au délaissement et à l’oubli que fait preuve cette famille qui l’a longtemps vampirisé. Car l’auteur a fait le choix d’écrire sa nouvelle à la troisième personne de sorte que le lecteur soit spectateur des évènements.

 Etant spectatrice du fatalisme dont fait preuve Grégor, j’ai eu l’impression d’être la seule à ressentir de la peine ou de la pitié plus que du dégoût, sentiment essentiellement mis en avant par lui-même et son entourage. Mais, j’ai surtout ressentis de l’incompréhension. Comment peuvent-ils facilement admettre, lui et sa famille, sa nouvelle condition ? Comment malgré le comportement de sa famille peut-il encore avoir de la compassion et faire preuve de compréhensions vis-à-vis de leurs agissements ? Mais, toutes ces questions furent vite balayées car moi aussi j’ai été prise par son fatalisme.

Car il faut le dire, on est pris dès le début par l’histoire que l’on cherche à dévorer à tout pris. L’ambiance est lugubre, oppressante mais des petits moments comiques, permettent de vous décocher un ou deux sourires. Le style de l’auteur est simple mais riche (son œuvre est une allégorie), la lecture reste très fluide et le rythme soutenu. De plus, grâce à l’ouverture de sa nouvelle, Kafka donne la possibilité au lecteur de faire sa propre interprétation de son œuvre.

 A travers La métamorphose, Franz Kafka montre que le nombre de pages ne fait pas une belle histoire. Comment peut-on sortir de cette lecture sans être touché par ce qu’il a pu advenir de Grégor à la suite de sa métamorphose. Car finalement, s’est lui qui a fait preuve de plus d’humanité en choisissant la mort comme seule salut, seul moyen pour lui d’échapper à sa condition psychologique et physique et surtout à ses obligations familiales.


«Il ne sentait plus qu’à peine la pomme pourrie incrustée dans son do ni l’inflammation des parties environnantes, maintenant  recouvertes d’une fine poussière. Il pensa à sa famille avec une tendresse émue. L’idée qu’il avait plus qu’à disparaître était, si possible, plus arrêtée encore dans son esprit que celui de sa sœur. Il resta dans cet état de méditation vide et paisible jusqu’au moment où l’horloge du clocher sonna trois heures. Il vit encore, devant sa fenêtre, le jour arriver peu à peu. Puis sa tête retomba malgré lui et ses narines laissèrent faiblement passer son dernier souffle. »

Je ne m’attendais pas à tant apprécier cette nouvelle qui m’a vraiment donné envie d’en découvrir plus sur le style Kafkaïen. Je pense réitérer l’expérience prochainement avec Le procès (à suivre…).

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